STELARC : ART ET TECHNOLOGIE

STELARC : ART ET TECHNOLOGIE

LE CORPS AMPLIFIE DE STELARC

LE CORS AMPLIFIE DE STELARC

A 62 ans, STELARC s’est fait remarquer avec l’exposition « Mécaniques du corps» , au Centre des arts d’Enghien-les-Bains (Val-d’Oise), est un jusqu’au-boutiste, un vrai. Depuis les années 1980, ses expérimentations d’hybridation du corps, à travers l’électronique ou les prothèses robotiques, sont plus stupéfiantes les unes que les autres.Jugez plutôt. Pour Ping Body, l’artiste s’est connecté à Internet par l’intermédiaire de capteurs fixés sur lui : les internautes pouvaient envoyer des signaux qui le faisaient physiquement réagir – bondir par exemple – en direct (voir au-dessus).

Quarante ans d’expérimentation ou presque, de performances et de collaborations avec des équipes techniques et médicales : une sculpture dans l’estomac et l’implantation récente d’une troisième oreille dans le bras - bientôt dotée d’un récepteur wi-fi pour que nous puissions partager ses pérégrinations auditives-, un avatar sur Second life et un autoportrait programmé selon les règles de l’IA… Stelarc n’a pas fini d’explorer ce qu’il résume par "l’obsolescence" d’un corps qu’il considère comme prothèse, réceptacle de nos outils de survie au monde moderne.

"Ce sont les suspensions (nu, retenu par des crochés plantés dans la peau en plein ciel de New York, de Copenhagen, ou dans la discrétion d’un hangar, ndlr) qui m’ont fait réaliser les limites du corps humain, sa fragilité." raconte Stelarc. Et c’est en parallèle de ces expériences où seul s’entendait le bruit du vent et des crissements de sa peau, qu’il a développé cette idée d’un corps augmenté de prothèses mécaniques ou sensorielles, d’un corps interfacé, connecté, partagé, manipulé à distance par autrui, capable d’expérimenter une réelle intimité sans nécessaire promiscuité, questionnant la notion même d’individualité. "Ce qui importe, annonçait-il en 1991, dans les colonnes de la revue ‘art-science’ Leonardo, ce n’est plus le rapport homme-femme mais l’interface homme-machine, le corps est obsolète."

Stelarc persiste avec l’idée que la technologie construit la nature humaine. "Aujourd’hui, dit-il, nous entrons dans l’ère de la circulation de la chair (circulation of flesh) où le vivant, le déjà mort (cryogénisé) ou le pas encore né co-existent dans l’attente de futures retrouvailles". Une nouvelle entrée en matière, qu’il ponctue d’un rire espiègle comme s’il s’agissait d’un défi à relever.

L'exposition
Stelarc : Les mécaniques du corps
juqu'au 28 juin 2009
au Centre d’art d'Enghien-les-Bains

Stelarc a aussi mis au point des sculptures en métal qui métamorphosent son corps en mutant de science-fiction. The Third Hand ressemble à une prothèse articulée que Stelarc enfile sur son bras droit.